Bernard Reichen, architecte-urbaniste

Dans ce riche entretien que nous a octroyé Bernard Reichen, architecte-urbaniste, le 06 juillet 2023, il conclut en nous disant : “Le problème qu’en vous pensez, c’est de penser aux choses auxquelles vous ne pensez pas puisque les autres vous y avez déjà pensé. L’urbanisme c’est l’exploitation des effets secondaires positifs qu’on n’arrive pas toujours à préméditer”.

François Schuiten, dessinateur de bande dessinée et scénographe belge

Le rapport de François Schuiten, auteur de bande dessinée, illustrateur et scénographe belge, à la Francophonie est double car il vient d’un pays, la Belgique, où l’on parle français et flamand. Le français est la langue dans laquelle il pense et il dessine mais ses racines sont profondément flamandes. Il ressent une familiarité dans les villes francophones tout en étant attaché au plurilinguisme qui s’y trouve. Depuis 1980, il travaille avec le scénariste Benoît Peeters à la série “Les Cités Obscures”. Il pense d’ailleurs que les villes ont un côté mystérieux et invisible et c’est ce qui leur a donner envie de raconter des histoires. Pour lui, les villes de demain ou les utopies urbaines, ne seront plus aussi radicales, en réalité elles seront plus complexes et variées et seront sans doute plus difficiles à dessiner.

Ousmane Sow, architecte-urbaniste et Directeur de l’Agence urbaine du Grand Bamako

Ousmane Sow, Directeur de l’agence urbaine du Grand Bamako et architecte-urbaniste, nous rappelle le contexte de Bamako avant de nous présenter la diversité des formes et la nécessaire transformation du domaine bâti, de préciser les champs d’actions de l’agence d’urbanisme pour tendre vers une ville décarbonée dont il nous donne sa définition puis enfin de nous évoquer les limites de la planification urbaine au Mali.

Rachel Khan, actrice, écrivaine et juriste française

Le rapport de Rachel Khan à la francophonie est double, c’est d’abord une langue et ensuite une organisation mondiale. Elle définit la langue française comme la langue de ses émotions, une langue charnelle et créative qu’elle associe au sport et à la danse chorégraphiée mais aussi la langue de la réparation, car elle incarne les souffrances passées.

Patrick Boucheron, historien français

Pour Patrick Boucheron, la francophonie est une histoire plus grande que celle de la France métropolitaine. Il reconnaît dans les espaces francophones une urbanité spécifique. Il distingue d’ailleurs deux manières de penser la ville en matière de patrimoine, homogène ou hybride, projection ou inter fécondation des modèles architecturaux. La francophonie porte, selon lui, la question suivante : Comment faire récit de la diversité, au lieu de penser la mondialité des villes sous le regard de la globalisation ?

Gaëtan Siew, architecte-urbaniste Mauricien

Gaëtan Siew, de par sa vision d’architecte mauricien aux expériences variées dans les différents espaces du monde, nous permet de mieux faire la distinction entre l’approche pragmatique et financière anglo-saxonne d’aborder la ville et l’approche sociale, culturelle et patrimoniale francophone basée sur la solidarité naturelle. Selon lui, les Maires doivent trouver un équilibre entre ces deux approches pour adapter les projets aux réalités des différents territoires.

Héloïse Conesa, conservatrice du patrimoine et chargée de collection en photographie

Héloïse Conesa regarde la francophonie sous l’œil de la photographie, son domaine d’expertise. La photographie et l’urbanisme sont liés car les images permettent de conserver la mémoire des lieux et la diversité architecturale notamment grâce aux archives photographiques mais aussi d’apporter une vision prospective en jouant avec l’imaginaire urbain.

Jérôme Chenal, architecte-urbaniste suisse

Jérôme Chenal, fait partie de ceux qui pensent que le langage structure la pensée. Il est aussi de ceux qui prônent une contextualisation architecturale et urbanistique, mise à mal par des injonctions internationales qui obligent les bailleurs à appliquer une même méthode dans des villes africaines sensiblement différentes.

Philippe Madec, architecte-urbaniste et écrivain

Pour Philippe Madec, la maîtrise de la langue est essentielle pour partager les concepts et les solutions. Afin de porter la francophonie, les élus peuvent engager des politiques culturelles et des rassemblements autour de la langue franco-française. Le maître d’œuvre, doit quant à lui être en posture d’étranger bienveillant, pour le respect de la pensée urbaine francophone.

Michèle Gendreau-Massaloux, Recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie de 1999 à 2007

La francophonie est avant tout une affaire de langue selon Michèle Gendreau-Massaloux, même si ce mot n’a pas le même sens en fonction des lieux et du passé des différentes communautés francophones. Ce partage d’une même langue permet la solidarité internationale, qui prend aujourd’hui d’autant plus de poids, qu’on y est contraint par l’interconnexion entre les villes. Selon elle, le français est vecteur de plurilinguisme.