Comprendre la ville et sa production en Afrique par une approche systémique : exemple de la ville de Diamniadio, Dakar

Ce travail de thèse, réalisée par du Dr Cheikh CisseUrban Planner-Consultant, s’articule autour de la reprise des bases de l’approche systémique, en se focalisant sur le sous-système des acteurs, des représentations, des lieux en jeu et à enjeu dans l’espace urbain avec des temporalités spécifiques, pour théoriser le concept de « ville réelle ».

Cette thèse soutenue le 02 septembre 2022 a été menée sous la direction d’Alexandre Moine et de Jérôme Chenal, à Bourgogne Franche-Comté , dans le cadre de  l’École Doctorale SEPT (Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps), en partenariat avec l’Université de Franche-Comté  et du Laboratoire Théoriser et modéliser pour aménager (THEMA) de Besançon.

Résumé

L’analyse de la ville en Afrique a longtemps été basée sur un regard exogène selon des modèles urbains théorisés et expérimentés dans les pays occidentaux, puis diffusés et appliqués par différents canaux, témoignant des relations historiques, par la production de la ville coloniale et contemporaines, dans le cadre de la fabrique des villes nouvelles en périphérie des grandes capitales.

Cependant, après les indépendances, des chercheurs dits postcoloniaux (Mbembe, 2000 ; Robinson 2006-2014 ; Choplin, 2012-2020 ; Peyroux et Sanjuan, 2016 ; Roy, 2005…) se sont penchés sur la redéfinition de la ville en Afrique en soulignant sa complexité et sa pluralité selon les trajectoires géo-historiques, sur la base de nouvelles théories urbaines plus nuancées et ancrées dans les réalités locales.

En outre, au début des années 2000, partout sur le continent africain émergent des projets de villes nouvelles planifiées en réponse aux nombreuses conséquences d’une forte urbanisation non maîtrisée. Ces villes nouvelles portées par des États et des promoteurs internationaux suivent la dynamique d’un agenda international standardisé, marqué par une course à la modernité et au rayonnement international à travers des projets urbains de grande envergure, tantôt dits smarts, tantôt durables, s’inscrivant sur un horizon temporel lointain.

Toutefois, à côté de ces villes nouvelles résultant d’une planification officielle, existe une autre forme de ville spontanée, organique, ascendante, en provenance de la diversité et de l’unité des pratiques dans différents lieux créés par les citadins de manière temporelle et/ou permanent, dans les espaces urbains. En d’autres termes, si les villes nouvelles relèvent de l’urbanisme de projet sur un temps long de la planification, elles s’opposent à la production d’une ville spontanée produite au quotidien sur le court terme.

En s’appuyant sur les résultats des enquêtes (monographie, photo-élicitation interview et focus groups) faites sur le terrain entre 2017 et 2020 à Diamniadio, dans la région métropolitaine de Dakar, croisées avec d’autres exemples de villes nouvelles sur le continent africain développés dans la littérature scientifique, cette thèse s’articule autour de la reprise des bases de l’approche systémique, en se focalisant sur le sous-système des acteurs, des représentations, des lieux en jeu et à enjeu dans l’espace urbain avec des temporalités spécifiques, pour théoriser le concept de “ville réelle”.

Cette dernière est une ville spontanée provenant d’une intelligence collective locale sur la base d’une articulation hybride des pratiques formelles et informelles, des savoirs, des expériences et d’une diversité pratiques des acteurs, notamment des habitants. Relevant de la forme la plus fidèle et la plus achevée à chaque réalité urbaine, la ville réelle théorisée dans la thèse n’est ni seulement informelle, ni seulement formelle ; elle constitue une limite probante des villes nouvelles planifiées inscrites sur un temps long truffé d’incertitudes dans un continent africain en mutation démographique et économique permanente.

✍️ Thèse à consulter sur hal.science

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