Kouka Ntadi : artiste-peintre franco-congolais

Réalisés avec différentes personnalités francophones (écrivains, intellectuels, acteurs de la fabrique de la ville, artistes…), les entretiens Urbanisme en Francophonie interrogent le lien entre urbanisme et francophonie pour faire ressortir les spécificités des villes francophones et leur apport pour construire la cité de demain. A la fin de chacun d’eux, nous découvrirons une nouvelle carte postale de l’espace francophone proposée par l’interviewé.

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© Antoine Feuer / Kouka Ntadi est un artiste franco-congolais. Déclinant différentes formes du portrait, il développe ses thèmes de recherche autour de l’essence de l’Homme et de l’identité.

Fils d’une dramaturge française et d’un artiste congolais, Kouka Ntadi est aussi le petit-fils du peintre expressionniste Francis Gruber. Il est diplômé de l’École des Beaux-arts d’Avignon en 2005. Il ne cesse de confronter ses origines, sur ses toiles comme dans la rue. Artiste franco-congolais, il évoque son rapport à la langue française, la portée universelle de l’expression artistique, les spécificités des villes francophones notamment en matière de patrimoine artistique, les avantages mais aussi les freins auxquels est confronté l’art urbain et ce pour quoi il est important que les Maires le soutiennent.

Je me suis vraiment nourri de ces trois cultures pour aboutir à mon travail qui est justement à mi-chemin entre le street art, l’art académique et l’art africain. Un art qui soit à la fois populaire, accessible, en réflexion avec le contexte historique, l’histoire de l’art et qui soit porteur d’un message“.

Son travail se caractérise par l’expressivité et la spontanéité du geste, laissant volontairement apparaître les imperfections et les coulures. Sa peinture se joue des codes du graffiti pour mieux toucher au cœur d’une recherche sur le statut de l’image. S’affirmant avec un travail quasi obsessionnel sur le portrait, il crée un voile entre le visage de l’artiste et le spectateur qui devient protection et vecteur de pensée. Parfois la figure disparaît pour laisser place à l’écriture et son pouvoir. Indistinct, indéchiffrable, énigmatique, le langage n’est plus identifié, les mots se changent en symboles comme un retour à l’universalité.

Depuis ses fameux “Guerriers Bantu (terme qu’il a inventé pour désigner le guerrier de l’humanité, celui qui va se battre pour préserver l’humanité, le lien social et la paix), qui ont marqué sa première empreinte urbaine singulière, il ne cesse de rappeler que l’espace public, comme le monde, n’appartient à personne. Il pense d’ailleurs que les Maires peuvent porter la francophonie en soutenant l’art urbain car lorsqu’on réalise une œuvre dans l’espace public on va créer un point de rencontre qui va faire en sorte que les gens vont se retrouver et échanger par le biais de la langue, ce qui permet de créer de nouveaux récits.

Dans cet entretien, Kouka Ntadi évoque aussi son rapport à la langue française, tout d’abord sa langue d’intégration en France, qu’il reconnaît plus tard, sous l’angle du voyage, comme une langue vivante, en perpétuel mouvement et enrichit des cultures et des dialectes qu’elle traverse. Selon lui l’avantage de la peinture, c’est son langage universel, mais l’interprétation des œuvres artistiques, permis par le partage d’une même langue, apporte la dimension intellectuelle nécessaire à la peinture : “Ce qui est intéressant avec la peinture, c’est que c’est déjà un langage en soi et que c’est un langage universel”.

Pour lui : La ville francophone, elle est un peu à l’image de la langue, c’est-à-dire qu’elle est à la fois châtiée, sobre et élégante. Elle met un point d’honneur à cultiver l’histoire et le patrimoine“. Il l’apparente à un théâtre : “Finalement pour moi la ville francophone apparaît un peu comme un théâtre avec ce décor, cette mise en avant du patrimoine, donc on a déjà une histoire et un contexte qui est installé. C’est la raison pour laquelle ça prend tout son sens de s’exprimer dans ce contexte”.

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