Découvrez la carte postale de Jeannot Melchior Kadja (Urbaniste DEIAU, Doctorant en Développement Urbain Durable et Consultant en Urbanisme basé au Bénin)
“Cette carte postale que je voulais partager touche un sujet que nous n’abordons pas souvent mais qui impacte les activités de tous. Il s’agit des transports. Les images qui constituent cette carte sont des images que j’ai prises lors de voyages dans différents pays d’Afrique. Ces images montrent non seulement la diversité des transports “artisanaux” mais aussi une identité des différentes villes”.
Composée de 5 images, cette carte postale nous est envoyée depuis le Bénin, mais elle nous parle aussi des transports artisanaux du Ghana et du Burkina Faso.
- Zemidjan (Taxi-Moto), Cotonou, 2023 (Crédit : Jeannot Melchior KADJA)
- Minibus, Accra, 2023 (Crédit : Jeannot Melchior KADJA)
- PRAGYIA (Tricycle), Cape Coast, 2022 (Crédit : Jeannot Melchior KADJA)
- Taxi, Ouagadougou, 2023 (Crédit : Jeannot Melchior KADJA)
- Minibus InterUrbain, Burkina-Faso, 2023 (Crédit : Jeannot Melchior KADJA)
Si le squelette de la ville demeure la rue (X. Malverti), les transports sont, selon moi, les fils qui relient les différents lieux supports de nos activités quotidiennes. En répondant à cette fonction de liant, ils se sont diversifiés et ont évolué au gré de la particularité des besoins exprimés par les territoires où l’on les rencontre. À ce jour, ils se retrouvent partie intégrante de l’identité de certaines villes. Qu’il s’agisse de Gbaka, de Zemidjan, ou de Matatus, ils nous font penser à une (deux ou trois) ville(s), pays ou région(s)”.
Dans tous les pays du monde, la réalisation d’une activité nous demande (très souvent) d’effectuer un déplacement. Dans différentes régions du monde et principalement dans les pays dits du Sud, les déplacements sont favorisés par des transports caractérisés d’artisanaux, de “paratransit transport”, d’informel. Faisant aujourd’hui partie intégrante du paysage urbain des villes concernées, ces transports se sont développés au profit de circonstances diverses ayant rendu le terreau fertile à leur création, survie et à leur développement. Les ingrédients de ce terreau peuvent être regroupés comme suit : l’absence d’un système de transport formel comblant les besoins du marché, la situation économique (besoin de création d’emplois et un budget transport réduit pour les familles), l’aménagement des infrastructures de transport (état dégradé ou absence d’aménagement de la voirie), la disponibilité en tout temps des transports artisanaux, etc.
Malgré tous les services rendus aux populations, il est difficile d’occulter les inconvénients liés à ces modes: la pollution atmosphérique et sonore (liés souvent à la vétusté des engins), l’incivisme, l’insécurité routière, etc. C’est bien dans ce contexte que naissent de plus en plus d’initiatives publiques liées au développement de transport de masse formel (BRT, Métro, TER) à travers le contient Africain. Ces initiatives, louables, soulignent différentes questions. Les systèmes en développement peuvent-ils, objectivement, faire disparaître les transports artisanaux ? Les enjeux de développement du transport ne sont-ils pas aussi liés à l’amélioration des transports artisanaux dans nos villes ? Nos villes sont-elles prêtes à vivre sans transports artisanaux ? Et comment ?
Pour l’heure, mes ébauches de réponses pour l’espace francophone africain sont qu’il faille penser une complémentarité entre l’artisanal et le formel et dans le même temps s’assurer de limiter autant que faire se peut les externalités négatives liées aux transports dits artisanaux.
Je partage donc cette suite d’images parce qu’elle me rappelle que le transport est le liant entre les lieux de nos activités dans la ville et que le défi est grand en matière de transport et de mobilité.