Rénovation urbaine en Afrique : Faut-il supprimer l’informel ?

Selon M. Luc Gnacadja (Président de GPS-Dev, Ancien ministre de l’Environnement et du Développement urbain au Bénin et ancien Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification) : “En Afrique, le terme “informel” est souvent perçu négativement, bien que les villes africaines soient largement informelles aux plans économique et de l’emploi, spatial et institutionnel”.

Rénovation urbaine en Afrique : Faut-il supprimer l’informel ?

L’économie informelle représente 80 % de l’économie urbaine, jusqu’à 90 % des emplois urbains et plus de 50 % du PIB. Alioune Sall propose de voir l’économie non pas comme informelle mais comme populaire. Ne devrions-nous pas faire de même pour toutes les informalités urbaines des villes africaines afin de mieux les valoriser ?

Le boom de l’économie informelle est une conséquence des crises socioéconomiques depuis les années 1980, avec des investissements publics en milieu urbain qui ont été des variables d’ajustements. Une vision haussmannienne de la restructuration urbaine qui s’oppose à l’informalité.

Où vont les déguerpis ?

L’informel, la plus grande pourvoyeuse d’emplois et de services urbains, constitue de véritables niches entrepreneuriales. Cependant, les politiques des gouvernements se résument souvent à des interdictions et des déguerpissements. Les déguerpis recréent des structures informelles ailleurs, autant dire des métastases : ce n’est ni efficace ni durable. Or on ne peut pas réussir une ville durable contre ses habitants.

Par ailleurs, les enjeux environnementaux et la prospérité climatique nécessitent de planifier des villes respectueuses de l’environnement. Pour construire la durabilité urbaine en Afrique, il faudra capitaliser sur les informalités urbaines et anticiper la croissance urbaine. Les transitions intégrant et régulant les contributions de l’informel pour un développement durable seront essentielles.

Quelles options pour un développement urbain durable en Afrique qui intègre ses habitants et la nature ?

En collaboration avec Oliver Hillel et sous la commande de Expertise France, la rédaction d’un Livre Blanc intitulé : « Planification urbaine pour un développement territorial durable en Afrique : intégrer la nature et les habitants dans les villes ». Ce document est le fruit d’une collaboration étroite avec de nombreux experts et institutions, visant à semer des idées pour des villes régénératrices à travers le continent, à inviter à explorer des approches innovantes de la planification urbaine qui privilégient les populations et la biodiversité.

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