Montbéliard, située tout près de la frontière suisse, vient de se voir décerner le label de capitale française de la culture pour l’année 2024 ! Coup de projecteur sur une ville industrielle, un territoire en déclin qui cherche à retrouver fierté et attractivité…
Le vendredi 13 janvier 2023, un jury composé de 7 professionnels a choisi la ville qui sera la prochaine capitale française de la culture et qui recevra une dotation d’un million d’euros. Après une édition 2022 qui avait consacré Villeurbanne, c’est le pays de Montbéliard et ses 72 communes qui sont cette année à l’honneur. Le jury a été séduit par une démarche qui entend rompre avec la surenchère culturelle.
Un label destiné aux villes moyennes
Les labels destinés à la mise en valeur des villes représentent un instrument de plus en plus utilisé aujourd’hui par l’État et plus largement par l’Union européenne. La « capitale française de la culture » est une appellation qui se destine uniquement à des petites et moyennes villes entre 20 000 et 200 000 habitants, mettant de côté les grandes métropoles. Cela fait suite à une importante évolution des politiques nationales à destination des territoires qui visent une catégorie de ville souvent été décrite comme reléguée au second plan par les pouvoirs publics.
Bien qu’on puisse identifier ce label comme un instrument de revitalisation, Vincent Béal, invité, maître de conférences en sociologie à l’Université de Strasbourg et docteur en science politique, précise toutefois qu’il demeure pour l’État un moyen de montrer qu’il agit véritablement sur les territoires et qu’il ne délaisse pas certains espaces moins attractifs. À ce titre, le label « capitale française de la culture » s’inscrit dans la même dynamique que les « Territoires d’industrie » ou « Action cœur de ville », pensés comme une réponse sur le débat de la fracture territoriale et de la France périphérique. Pour les élus, une telle opération a pour intérêt de provoquer des retombées économiques à court terme et valoriser de façon significative l’image du territoire. Ainsi décroché, ce label représente pour un élu une ressource politique et électorale, permettant d’asseoir sa légitimité et prouver sa capacité à porter des projets.
Un projet pour cimenter le territoire du pays de Montbéliard ?
Le projet insiste sur la place de choix réservée aux cultures populaires, que l’on peut relier au monde ouvrier qui structure la sociologie du pays de Montbéliard. Un des points importants de la candidature de Montbéliard était la nécessité de cimenter le territoire. Cet enjeu local de cohérence et de cohésion peut s’expliquer par les changements structurels qu’a connus ce territoire de 72 communes rassemblant 140 000 citoyens.
Historiquement, il existait une très forte cohésion spatiale produite par la présence des usines Peugeot qui faisaient travailler 40 000 employés jusque dans les années 1970. Mais l’industrie connaît des difficultés et aujourd’hui seuls 10 000 individus travaillent encore pour le constructeur, remettant en cause la cohésion d’un territoire marqué par différentes centralités, et qui peine à se réinventer. Le pays de Montbéliard s’est structuré par et pour l’automobile, entre connectivités et fragmentations… Autant de contraintes qu’il va falloir gérer à l’aune de cette nouvelle année sous le signe de la culture.
? Émission à écouter ici avec pour invité Vincent Beal, maître de conférences en sociologie à l’université de Strasbourg et chercheur au laboratoire SAGE (Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe)