Le Collectif National des Jeunes Urbanistes (CNJU) s’interroge sur la mise en lumière de parcours de femmes urbanistes diplômées en urbanisme et aménagement, ainsi que sur les inégalités professionnelles qui jalonnent leurs carrières.
« La ville est faite par et pour les hommes » : une phrase récurrente dans les débats autour de la place des femmes dans l’espace public. À raison, elle permet de mettre en lumière le rôle systémique des inégalités de genre inscrites dans l’aménagement de l’espace, mais laisserait à penser que les femmes ne sont pas présentes dans la fabrique de la ville. Or, avec une profession féminisée, les diplômé·es en urbanisme étant à deux tiers des femmes, ne faudrait-il pas désormais nous demander collectivement où sont les femmes urbanistes ? Et quel(s) poste(s) et responsabilité(s) exercent-elles dans la fabrique urbaine ?
Ces interrogations font écho à celle menée par d’autres collectifs comme Femmes en mouvement ou Mouvement pour l’équité dans la maîtrise d’œuvre (MeMo). Du côté de la recherche scientifique, la mise en visibilité des parcours de femmes urbanistes est balbutiante et parcimonieuse (Greed, 1994 ; Tummers, 2015 ; Biarrotte, 2021 ; Coudroy de Lille, 2021). L’organisation du colloque international « Dynamiques de genre et métiers de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage » en 2021 consacre un tournant.
Les objectifs de l’analyse des trajectoires professionnelles des femmes urbanistes par le CNJU sont :
- interroger la place des femmes au sein de la chaîne de l’aménagement et de l’urbanisme,
- questionner plus profondément la place de l’urbaniste dans les métiers de la ville et des territoires,
- porter à connaissance différents parcours types de femmes urbanistes,
- susciter des discussions autour de ces trajectoires et de leurs spécificités par la systématisation de « recherches axées à la fois sur les pratiques sociales et sur la pratique de l’urbanisme, prise elle-même comme une pratique sociale ».
Depuis 2010, le CNJU mène une veille assidue sur les carrières des urbanistes à travers des enquêtes d’insertion professionnelle. Dernière en date, l’enquête portant sur les urbanistes à dix ans d’expérience, dont le questionnaire a été diffusé entre mai 2021 et avril 2022 auprès de 923 diplômé·es de facultés et d’instituts d’urbanisme. Les différentes données quantitatives et qualitatives présentées dans cet article sont issues de cette enquête. Elles portent principalement sur le manque de visibilité des carrières que mènent les femmes urbanistes, sur la conciliation de leur vie familiale et professionnelle ainsi que sur leurs appréciations du métier et de ses constantes évolutions.
Ces premières analyses sont complétées par une série d’interviews de femmes urbanistes, en exercice depuis plus de cinq ans, et incarnant la diversité des profils des enquêté·es :
- Tatiana Lambert est DGS d’une collectivité de 6 100 habitant·es dans le Var,
- Maëlle Nicault est doctorante Cifre et chargée de mission au sein de la Région Réunion,
- Marion Lacombe est fondatrice de LineaMenta, bureau d’études en urbanisme commercial à Bordeaux.
Signataires de l’article : Inès Delépine, Gautier Hunout et Hanna Uma Laufer (CNJU)
Lire la suite de l’article dans le numéro 429 de la Revue Urbanisme : “Le territoire, la ville et le genre” (janvier-février 2023).