L’efficacité énergétique africaine sera urbaine ou ne sera pas

Devant l’ampleur des défis énergétiques du continent africain, des mesures doivent être prises qui embarquent les principaux secteurs d’activité sur les chemins de l’efficacité énergétique. Quelques-uns des plus urgents sont le bâtiment, l’industrie, les transports, l’agriculture et les autres secteurs dynamiques des économies africaines.

Le secteur du bâtiment

Dans le secteur résidentiel, le logement neuf est appelé à répondre à de nouvelles exigences valables également pour la rénovation du parc existant. Il est question de penser des constructions énergétiquement performantes et faiblement émissives en carbone. Elles devront fatalement être conçues suivant des principes d’architecture tropicale pour limiter la demande énergétique en période d’intense chaleur et réduire l’usage de la climatisation. Cet enjeu fort incompressible requiert la démocratisation des pratiques qui conviennent, à l’instar du bioclimatisme.

En effet, la conception des bâtiments est au défi, aujourd’hui, de prendre en compte le bilan énergétique, de limiter les déperditions, de favoriser les apports naturels et d’améliorer l’intégration du bâtiment dans son environnement. L’usage des matériaux locaux, abordables et performants devra être pensé au même titre que les technologies (énergies renouvelables et équipements performants) qui devront accompagner le développement d’une dynamique du bâtiment à énergie positive. Les bâtiments tertiaires ont, pour ce qui les concerne, à repenser la question du confort, sous l’angle des formes et des orientations pour maîtriser les consommations énergétiques en association avec des programmes de suivi et de garantie de la qualité. Ces programmes pourront à leur tour favoriser l’implémentation de diverses solutions pour réduire les consommations domestiques en orientant des actions ciblées à destination des usagers, sur base des résultats observés.

L’exigence est donc celle de la conciliation obligée du besoin de réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre avec celui de l’adaptation de la charge énergétique aux revenus des ménages, dans une perspective de justice sociale. Comme pour un temps long et un temps court, l’urgence écologique et l’urgence sociale désormais indissociables, exigent des moyens qui devront être mobilisés pour ne léser personne et donner aux politiques énergétiques à venir une dimension tout à fait inclusive. Cela étant, il faut réaliser le passage du bâtiment aux secteurs d’activité connexes.

L’industrialisation

Le secteur industriel, moteur de l’économie, continuera inévitablement de produire les biens indispensables aux besoins évolutifs de la société. Il s’agit donc d’un véritable gage de génération de gains énergétiques, attendu que le développement industriel prend de l’ampleur à l’heure de l’émergence. Il y a donc lieu de compenser l’augmentation en cours des volumes de production avec des mesures d’amélioration de l’intensité énergétique pour stabiliser les consommations.

L’intégration des notions de sobriété et d’efficacité et l’utilisation des énergies renouvelables sont nécessaires pour avancer vers une réduction progressive des niveaux de consommation énergétique du monde industriel africain, bien qu’il soit aujourd’hui peu émissif. Cela s’établit aisément dans une perspective d’anticipation, sachant d’une part les prévisions démographiques du continent et d’autre part, la tendance quasi naturelle et en amélioration constante de l’industrialisation de tous les secteurs.

Il va de soi que l’amélioration des processus représente un préalable à toute résolution allant dans le sens de l’énergie positive. En conséquence, l’intégration et l’optimisation des schémas de réutilisation et/ou de recyclage (plastiques, cartons, métaux) dans les processus industriels est de mise pour atteindre les objectifs escomptés.

Au final, il reste crucial de garantir un équilibre, voire un avantage de la « balance environnementale » entre les importations et les exportations des produits qui entrent dans la chaîne de valeur des secteurs industriels pour garantir une réduction des impacts environnementaux du milieu et promouvoir au maximum des solutions vertes et endogènes, génératrices de valeur ajoutée et d’emplois.

Les transports

Si l’urbanisme, l’aménagement des territoires, et les transports doivent se réinventer, il ne fait aucun doute que cela passe par l’intégration de processus de gestion durable de l’énergie. En effet, si le secteur des transports (qui représente 26% de la demande mondiale d’énergie primaire) est connu pour poser de nombreux problèmes aux plans de la pollution atmosphérique, de l’occupation d’espaces, des nuisances sonores et de la sécurité.

C’est aussi un secteur en plein développement et qui connaît une expansion fulgurante sur le continent. Il s’en déduit naturellement que l’optimisation des circuits à l’échelle d’un territoire, en lien avec la prospective urbaine doit équilibrer les besoins compte tenu des impératifs d’adaptation.

L’agriculture

Au même titre que le secteur industriel, celui de l’agriculture est un des prioritaires, en termes de transition énergétique, car l’agriculture participe à la consommation d’énergie et à une émission de gaz à effet de serre (gaz carbonique, méthane, protoxyde d’azote, etc.) d’autant plus accentués qu’on prend en compte les activités industrielles (agroalimentaire) en développement.

La réduction des besoins et distances de transport des produits agricoles reste essentielle dans ce schéma. La maîtrise de la demande, l’efficacité des dispositifs, l’optimisation des chaînes de production, l’intensification des procédés de recyclage, notamment des déchets, et la recherche perpétuelle d’un état de souveraineté alimentaire permettront de réduire les consommations du secteur.

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