L’art, source de valeurs et passerelle interculturelle, au cœur de nos villes

Selon Hon. TOMAINO NDAM NJOYA (Maire de Foumban et Présidente du Syndicat des Communes du Noun) : “L’art et la culture, comme affirmations de soi et de la vie, d’instants de partage et d’éternité et d’expressions des richesses et des identités, sont au cœur des entreprises humaines. L’activité artistique participant à l’éclosion et la révélation du Génie Créateur“.

En effet, face à une œuvre d’art, l’instant d’un coup d’œil, notre regard devient un coup de cœur, un dialogue silencieux, contemplatif, introspectif, s’établit devant la Pureté, la Beauté, la Délicatesse, le Mystère de l’interpellation d’une réalisation artistique. L’œuvre, dès ce moment, n’appartient plus à son créateur qui en a fait don à l’universel commun, sans discrimination quelconque. La somme de ces offrandes s’organise en styles, formes et symboles à travers la variété des objets (masques, statuettes, instruments, parures, cultes…) et porte un message sur l’Esthétique, le Beau, ou sur l’Utile.

La Joconde de Léonard de Vinci, le David de Michel-Ange, les tableaux ou les créations phénoménales des Maîtres de tous les temps nous parlent… Autant que Son, Voix, Expression Corporelle, Ballet, Symphonie, Instrument à Percussion, nous « élèvent » nous « entrainent ». Il faut aussi compter sur les performances mais aussi, dans le domaine de l’urbanisme, les arts et cultures urbains.

L’intelligence de la création artistique éveillant les consciences pour toujours mieux se connaître, se respecter, aller vers l’autre, le connaître, sortir des complexes. L’Artiste est avant tout inspiré dans sa création, son imagination, par son milieu naturel, son environnement physique et humain, par les pratiques de la vie sociale, culturelle, économique… Conjugaison des héritages, des riches traditions des communautés humaines organisées dans leur diversité.

C’est comprendre que la valorisation du patrimoine artistique et culturel est avant tout, une affaire de chacun, chacune, de tous, de la Ville et de ses Partenaires institutionnels locaux, nationaux et internationaux. Une fois conscientes qu’elles sont les premières gardiennes de nos fonds de valeurs traditionnelles positives, culturelles, artistiques, sur lesquels sont assises leur personnalité et identité, les populations de nos villes convergent en toute responsabilité au rendez-vous du donner et du recevoir, de la rencontre, de la coopération décentralisée. Dès lors, l’accès, la pratique et la valorisation de la culture artistique deviennent urgents dans le champ des partenariats de par la nature transversale des arts et cultures.

Les programmes et plans d’action s’organiseront naturellement vers la recherche, la production des outils pédagogiques, la formation, en vue du respect des sciences, des techniques et normes appliquées au domaine de l’art et de l’éducation, dans le cadre des ateliers, des séminaires et des conférences…

Il est question dans nos Villes, d’appropriation la meilleure de nos œuvres culturelles artistiques matérielles et immatériels (sites naturels et historiques ; musées…), indispensables pour accueillir, exposer, faire vivre et partager toute la production. Il est question des Maisons de la culture, des espaces civiques d’appropriation, ou de retraite des artistes, des places, des chapiteaux ; dans nos villages, des sources, des points de ravitaillement en eau potable et des espaces de convergence qui deviennent des scènes ou théâtres d’expressions artistiques et culturelles.

C’est dans ce vaste chantier d’entreprises humaines, que les actions de la coopération décentralisée sont attendues. C’est ainsi que nous la vivons et l’apprécions à Foumban, Capitale culturelle du Cameroun, ville historique fondée au 14e siècle par un Monarque. En 1902, l’Allemand Hirtler le premier occidental qui arrive à Foumban écrit dans ses carnets : “Foumban est une véritable ville, avec des rues bien tracées, un marché, des écoles, et des ateliers”. C’est le Roi NJOYA, le 17e de la Lignée, et le dernier des Rois, qui règne. Il est inventif. À son actif, une Écriture, le Shu’mum, un palais inspiré de celui du gouverneur allemand installé à Buea, à qui il a rendu visite, des ateliers de production, métiers à tisser, objets en bronze, sculpture en bois, perles, vanneries, miniatures, dessins. Les premières photographies de Foumban ont été prises par les Allemands au début du 20e siècle : elles sont révélatrices d’une présence artistique culturelle de qualité exceptionnelle. Plusieurs œuvres Bamoun de cette époque se retrouvent dans plusieurs musées en Allemagne et à travers le monde, dans les riches collections privées.

« Foumban Ville d’Hier, Ville d’Aujourd’hui, Ville de Demain », est notre crédo, depuis que lors de la Troisième Édition du Prix International CGLU – Mexico – Culture 21 », Foumban a été distinguée pour devenir une bonne pratique, pour sa contribution significative à l’articulation des valeurs de la culture : patrimoine, diversité, créativité, transmission du savoir, gouvernance démocratique, participation citoyenne et développement durable. Avec l’AIMF, et la Ville de Jouy-en-Josas en France, l’AFD, les associations et les artistes, nous développons des programmes visant au rapprochement de nos populations et aux échanges d’information : s’imaginer à la place de l’autre, en présentiel ou en « distanciel » avec les techniques de communication 3D, se téléporter, en esprit, visiter un musée, un site, participer à une conférence…

Au plan local, nous nous organisons pour le devoir de mémoire, l’accueil des visiteurs, la transmission aux générations futures. A Foumban comme à Ouidah, à la Nouvelle Orléans, à Brazzaville, à Genève, l’essentiel est d’être séduit par une œuvre, de l’aimer, de se contenter de la contempler ou de la ramener dans sa valise quand on a la chance que cela soit encore possible.

Alors que le monde doit organiser sa transition vers un développement plus respectueux des personnes mais aussi des ressources de la planète et de sa biodiversité, comment penser et construire les villes ? La tribune Urbanisme en Francophonie, publiée une fois par mois, vise à rassembler les témoignages et les réflexions de ce récit original.

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