Algérie : Le logement rural et la mutation du rapport ville-campagne

Depuis l’avènement de la métropolisation, l’espace rural en Algérie subit un processus d’évidement qui engloutit dans son sillage les terres agricoles et emporte les forces vives (jeunes et compétences) au profit d’une démesure des grandes villes et des métropoles selon Boulbir Laala, Docteur architecte-urbaniste algérien.

“Le nouvel eldorado national ou planétaire n’offre pas seulement du bien-être aux néo-citadins, mais aussi une fructification, sinon une reproduction du capital économique ou culturel. La désindustrialisation, le recul de l’État providence et l’insécurité nonante sont autant de facteurs ayant contraint les grands propriétaires terriens de quitter définitivement le Douar et de transférer leurs richesses vers l’économie urbaine et mondiale.

Le village de Ain Fakroun en est un exemple de cette mutation d’une population jusqu’ici rurale vers le commerce international. Depuis le renoncement à la révolution agraire et à la politique d’équilibre régional, le rapport ville-compagne est tranché définitivement en faveur de l’urbain, les métropoles grossissent au dépend des villages, générant du désordre et de la précarité insulaire aux interstices des territoires ruraux et suburbains.

Comment peut-on promouvoir les espaces ruraux et procéder à la fixation de la population paysanne en l’absence de politiques publiques claires et globales se préoccupant de la valorisation des ressources naturelles et génériques et qui mettent en avant un urbanisme tourné vers l’écologie et le rural ? L’implantation disparate de logements auto-construits au gré d’une demande volatile qui n’est pas foncièrement rurale, participe à l’émiettement du paysage naturel et prépare les terres agricoles et les franges urbaines à une urbanisation silencieuse, propulsée par les multiples réseaux technique et a-technique.

Depuis, l’éclipse de la politique intégrée des 1000 villages socialistes, puis agricoles, l’on peine encore à spatialiser une politique intégrée de structuration, de préservation et de valorisation des territoires ruraux et de leurs potentialités. Les outils d’urbanisme s’appliquent indifféremment aux espaces urbains et ruraux et aucun effort de réflexion n’est entrepris pour assurer une certaine normalisation.

Le logement rural que l’on construit aujourd’hui ici et là, a tendance à être envisagé par les néo-citadins comme une résidence secondaire pour les vendredis, sinon pour l’élevage. Cette auto-construction anarchique, sans encadrement spatial, risque de se décliner par une périurbanisation non maitrisée qui artificialisera le peu de terres agricoles et forestières qui restent”.

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