Les transformations d’Alger en 1953

?️ Par la création d’une bibliographie commentée d’extraits de films de sources variées (INA, Gaumont-Pathé…), il est intéressant d’essayer de comprendre d’une part comment ont été fabriquées les villes francophones et d’autre part comment les villes peuvent tirer profit du cinéma pour mettre en valeur leur territoire. L’idée est aussi d’interroger l’exploration d’un monde urbain francophone par le prisme du cinéma et de réfléchir ensemble à construire un dispositif pédagogique pour aider les Maires à imager leur ville.

Alger, ville en plein développement ; Archive INA AFE85005317 ; Collection Actualités Françaises

Comment lire les villes d’aujourd’hui ? Pour une part sans doute en revenant sur les bouleversements passés qui ont effacé bien des traces en leur substituant d’autres, qui ont marqué les différentes étapes des sociétés, y compris la page délicate de la colonisation. Les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) explorent ainsi les opérations d’urbanisation qui se sont déroulées après la Seconde Guerre mondiale. Elles rapportent le projet de transformation et d’extension du tissu urbain dans toutes les villes, dans le périmètre métropolitain comme dans les territoires colonisés.

Les images de ces archives exposent les chantiers, les bâtiments neufs, l’idée martelée d’un confort amélioré. Les commentaires rappellent les ambitions inspirées par un hygiénisme encore dominant : de généreux espaces publics ; une spécialisation des fonctions urbaines qui se voulait au service des habitants ; des grands ensembles pour offrir les normes de confort au plus grand nombre. Mais les extraits oublient de souligner comment les villes modernes ont fragilisé le patrimoine et les populations. Les quartiers des habitants locaux étaient absolument distincts des quartiers des colons, si bien qu’il n’était plus même nécessaire de faire ce rappel.

Comme d’autres extraits de film, ce reportage sur Alger présente les signaux caractéristiques d’une époque et ses effets sur l’urbanisation : la croissance, l’extension urbaine se traduisent par le choix d’un urbanisme moderne, fait de grands ensembles et de larges avenues, semblable à celui que l’on retrouve dans d’autres villes, d’Algérie et d’ailleurs.

Un immeuble de 22 étages, l’Aéro-habitat, construit entre 1952 et 1955 par les architectes Louis Miquel et José Ferrer-Laloë, devient ainsi une promesse de confort : « Alger la blanche, sans changer de couleur, est en train de changer de visage ». L’Aéro-habitat est aujourd’hui un bâtiment classé (Stambouli, 2014), en raison de son inspiration des principes de Le Corbusier.

Bibliographie complémentaire : Nabila Stambouli , “L’Aéro-habitat, avatar d’un monument classé ?”, Livraisons de l’histoire de l’architecture, mis en ligne le 10 juin 2016, consulté le 18 juillet 2022, URL : http://journals.openedition.org/lha/382

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